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LE
TOURNANT
un
roman par John Francis Kinsella
traduit de
l'anglais par Sumpinein
INTRODUCTION
Après
le champagne
et les feux d’artifice, les toasts et les bons vœux, la
gueule de bois était devenue presque inévitable. Le
vingt et unième siècle a pris
un mauvais départ avec le dotcom krach. Puis, à peine un
an plus tard le monde a tremblé avec les événements du
11 septembre. L'attaque monstrueuse et inattendue sur les
tours jumelles à
New York. Une tragédie insensée pour tant d’Américains,
qui a sauvé George W. Bush d'un destin banal,
en l’élevant
au rôle de sauveur autoproclamé du Monde Occidental, ou
peut-être du
monde étroit du Midwest et de ses Bible-puncheurs.
En lançant sa guerre
contre la terreur, Bush a galopé, accompagné par son
fidèle complice, Tony Blair, vers une autre version du
Nouvel Ordre Mondial postsoviétique de Bush le père, où,
dans les mots de Winston Churchill : les principes de
la justice et du fair play ... protègeront les faibles
des forts — ou est-ce que c'était le contraire ?
Le Nouvel Ordre Mondial,
largement acclamé, a apporté
un certain nombre de surprises inattendues pour ceux qui
lui avaient déclaré son
soutien. Les néolibéraux avaient gagné la bataille, par
la dérégulation, en abandonnant le contrôle par l’état
et le protectionnisme, en permettant le monde de suivre
son chemin vers le modèle économique et politique prêché
par Reagan et Thatcher. Les forces des marchés ont
remplacé les gouvernements en
déterminant leurs
directions économiques, tandis que le monde, et plus
précisément la Chine, a découvert que la libéralisation
pourrait exister sans démocratisation. La conséquence de
ces multiples
changements a
fait pencher
la balance du pouvoir économique inexorablement vers
l'Asie.
Sous Bush et Blair, les
taux d’intérêt
furent coupés et
une politique monétaire laxiste fut
poursuivie pour compenser la perte de confiance dans le
monde économique et la faiblesse des marchés. Ceci
s’est
traduit par
une flambée
de crédit et un boom immobilier, signalent le départ d’une
course effrénée des banques d’investissement et les
institutions financières vers des gains jamais imaginés.
Inconsciemment les
dirigeants des nations riches avaient commencé un compte
à rebours de ce qui devait se révéler, par son ampleur,
le plus grand krach financier de toute l’histoire, dont
les conséquences duquel ont conduit à un tournant
historique, à savoir une perte énorme dans la richesse
relative et le pouvoir économique des nations qui
avaient dominé le monde depuis plus d’un siècle, et plus
dramatiquement celle de la Grande-Bretagne.
――oo――
PROLOGUE
Au
moment où l’été 2007 touchait à sa fin, de longues files
d’épargnants inquiets se formaient devant les agences de
la banque Northern Rock au Royaume-Uni, pour retirer
leurs économies. Ce qui avait commencé comme une crise
momentanée de liquidité a marqué le début d’une longue
crise ponctuée une série de convulsions et annonçant un
changement charnière, une mutation profonde, qui allait
transformer la vie d’innombrables millions de personnes.
Il y avait des gagnants
et des perdants. Un des gagnants a été la Chine, le
Royaume-Uni un perdant. La Chine semblait prête à
revendiquer la part du lion de l'économie mondiale, et
le Royaume-Uni, lui, était forcé d’admettre, enfin, que
les derniers vestiges de son influence prédominante dans
le monde économique et géopolitique, construite pendant
plus de deux siècles, avait disparu - à tout jamais.
Pendant que se jouaient
cette tragédie moderne, certains acteurs se sont
félicités, peut-être prématurément, d’avoir évité le
pire et d’avoir même profité des changements survenus.
Incités par les
encouragements de leaders charismatiques, tels que Bush
et Blair, de nombreux hommes déterminés ont saisi la
chance que le destin leur offrait soudainement. Michael
Fitzwilliams était l’un d’eux, son rêve était celui de
transformer sa banque familiale, relativement modeste
mais indépendante, en une institution de premier rang
dans le monde de la finance et de l’investissement, avec
tout naturellement une place bien mérité dans le cœur
rempli d’adrénaline du Square Mile, le quartier
financier de Londres.
――oo――
CHAPITRE I
PRINTEMPS 2007
C’était
la fin du mois de février quand la première secousse fut
ressentie ; le Shanghai Composite Index avait chuté d’un
énorme 8,84%. Malgré cet avertissement il se passerait
des mois avant que la crise économique naissante est
venue à l'attention aux dirigeants politiques du monde.
Pendant ce temps, l’hiver passait et les marchés ont
récupéraient leur confiance fougueuse. La vie continuait
avec le même optimisme sans borne auquel le monde
s’était habitué dans la lueur du Nouvel Ordre Mondial de
George Bush et le Cool Britannia de Tony Blair.
A la base, les futurs
accédants à la propriété ont poursuivirent leur
bousculade, attirés par les conditions alléchantes
offertes par les prêteurs à travers les Etats-Unis et le
Royaume-Uni. Dans cet empressement à acheter, à
s’agrandir, ou à emprunter - même en hypothéquant leur
seul et unique bien dont la valeur fut exagérément
gonflée par un marché démonté, les citoyens lambda se
ruèrent vers la dette. Ils furent pris par une
psychose : la peur de rater ce qui semblait être
l’occasion unique de leur vie : réaliser leurs rêves
de s’enrichir.
Tom Barton, de son
bureau dans la City, avait senti le krach venir de loin.
Il lui apparaissait aussi visible qu’un bus impérial
dévalant Leadenhall Street. Quotidiennement, sa firme de
courtage était inondé par un flux de demandes de prêts
hypothécaires - beaucoup d’entre eux avec des
déclarations manifestement frauduleuses - venant de
toute espèce de parieur imaginable dans un course
frénétique par peur de rater le coche.
Tous les signaux
tournaient au rouge le jour que son chauffeur de taxi
vantait les bénéfices qu’il avait faits sur sa modeste
maison mitoyenne en banlieue de Londres. Barton se
rappelait les paroles du chauffeur, ‘Ecoute mon ami, si
un mec à la banque raconte que la baraque que t’as
acheté il a y un ou deux ans vaux vingt briques, ça
serait un peu mesquins de n’empruntais que trois, je
veux dire qu’avec de la thune comme ça tu peux te payer
une nouvelle bagnole et amener ta bonne femme et les
gosses en vacances quelque part, comme la Coster Braveur,
non ?’
Jeunes et vieux, riches
et pauvres, valides et invalides, ont foncèrent
aveuglément dans la bousculade, risquant de manière
démesurés leurs finances fragiles, certains autres dans
l'espoir d'un profit facile, achetèrent des biens
délabrés, puis, après un coup rapide de rénovation, les
revendirent aux primo-accédants qui désespéraient de
devenir propriétaire.
Objectivement, deux
raisons, d’origines très différentes, ont poussé
l’économie mondiale vers cette crise financière sans
précédent. Aux Etats-Unis, la cause pouvait être
attribuée à des prêts hypothécaires dits sub-prime, et
au Royaume-Uni, la démutualisation de ses
traditionnelles sociétés de crédit immobilier et
d’épargne.
Au cours des années
quatre-vingt-dix, en vertu de la loi
de 1986 et de
ses dispositions
concernant les sociétés de crédit immobilier et
d'épargne britanniques, les sociétés de crédit
immobilier en
Grande-Bretagne furent
démutualisées
et transformées en banques, ce qui leur a permis de
devenir des sociétés anonymes bancaires avec des parts
cotées en bourse. Après 2000, ces nouvelles banques,
grâce à
une politique d'expansion agressive, ont bâti leur
entreprise autour des prêts immobiliers et des prêts
d'entreprise, tant au Royaume-Uni qu’à l’étranger. En
2001, la Halifax Building Society, numéro un britannique
du crédit immobilier, a fusionné avec la Bank of
Scotland - une banque de dépôt vieille de trois cents
ans - pour former le HBOS.
Durant la même période,
aux États-Unis, les prêts hypothécaires sub-prime se
sont développés rapidement, tirés par les banques
d’investissement avec la titrisation des hypothèques à
un moment où les taux d'intérêt étaient très bas en
raison de la politique menée par l’administration Bush
suite au krach du dotcom et aux évènements du 11
septembre. Les prix des logements ont continué à
grimper, atteignant des sommets jamais vue en 2006.
Malgré ceci, un très grand nombre d’acheteurs
américains, par peur de rater ce qui leur semblait comme
une occasion unique, se précipitèrent les yeux fermé
pour acquérir la maison de leurs rêves.
Le Président de la
Federal Reserve, Alan Greenspan, bien que non seul,
fut jugé par beaucoup d’observateurs comme responsable
de la crise des sub-primes. Sa faute phénoménale fut
d'avoir ouvert les vannes monétaires après la débâcle du
dotcom en 2000. De cette manière, il a permis à la bulle
immobilière de se développer, celle-ci, aggravée
elle-même, par sa politique monétaire et son
encouragement à l’octroi des prêts sub-primes. Tout
aussi important fut le soutien de Greenspan à la
croissance des produits dérivés, y compris la
titrisation des hypothèques sub-primes.
Au Royaume-Uni, tandis
que Tony Blair se vautrait sur la scène mondiale
singeant son modèle et ami, George Bush, et créait sa
propre version de Cool Britannia : bâtie sur la guerre,
le crédit et une politique économique désastreuse, le
béat gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mervin King,
annonçait une croissance économique à 3% et l’inflation
à 1,3%, sans la moindre explication quant aux tenants et
aboutissants de ces chiffres fortuits.
Dans une comparaison un
peu galvaudée, les Britanniques n’étaient pas différents
des passagers du Titanic la nuit du 15 avril 1912.
Inconscients du désastre imminent, les riches dansaient
et dînaient au Champagne pendant que la troisième
classe, bien que profitant d’un luxe inédit en
comparaison d’autres bateaux de l’époque, était bien
séparée des riches par de solides grilles. Comme le
Titanic, la nation naviguait avec insouciance vers le
désastre, commandé par un capitaine et ses officiers qui
n’avaient pas compris les dangers de la voie périlleuse
empruntée.
La création du secteur
financier moderne de la Grande-Bretagne remontait à
Margaret Thatcher, l’architecte de la législation qui a
transformé l’économie britannique. La Dame de fer a été
à la hauteur de son nom : au lieu de chercher un remède
pour les industries du charbon, de l’acier et de
l’automobile, chroniquement malades, elle les a tout
simplement mises à mort. C’était Thatcher qui a initié
la déréglementation du secteur des services financiers
du pays, ouvrant la City de Londres aux méthodes des
banques d’investissement américaines.
Les changements apportés
par la Dame de fer ont transformé la City de Londres en
capitale financière du monde, où des vastes richesses
furent créées, des richesses à long terme s’avérèrent
éphémères. De riches étrangers ont affluèrent vers la
capitale, encouragés par des lois qui les escomptaient
d’impôts sur leurs revenus gagnés en dehors de la
Grande-Bretagne: des Américains, des Européens, des
Russes, des Indiens et des Moyens Orientaux. Vingt ans
après l’introduction de la loi de finances de Madame
Thatcher, Londres était devenue la Mecque de la finance
internationale, où les banquiers, les traders, les
directeurs de fonds d’investissements et les aventuriers
de tout poil se mêlés dans la rué vers la richesse.
Quand la fête est
parvenus à son terme, comme cela devait inévitablement
arriver, le contribuable britannique s’est vu présenté
une facture faramineuse, et le secteur financier entravé
s’est vu contraint de vivre de la charité offerte par
des fonds publics. Les leaders qui avaient imposé le
secteur financier comme locomotive économique de la
Grande-Bretagne se sont réveillés pour se retrouver à la
tête de la nation la plus endettée du monde, d’un
secteur bancaire sinistré, et d’une industrie
manufacturière fortement diminuée.
Les gouvernements
successifs, poussés par de puissants intérêts financiers
avaient cherché des gains à court terme, avaient,
consciemment ou inconsciemment, présidé à la
désindustrialisation massive de la nation, la
délocalisation des emplois et de l’industrie vers la
Chine ou l'Inde, sans la moindre considération des
conséquences futures de leurs actes.
En poursuivant ces
politiques désastreuses, les dirigeants de la
Grande-Bretagne couraient le risque de transformer le
secteur des services financiers de la City de Londres en
une version urbaine de la ceinture de rouille
industrielle - une zone désindustrialisée qui traversait
le nord du pays, ponctuée par les vestiges délabrés
d’usines abandonnées. Pendant les années soixante et
soixante-dix les gouvernements successifs avaient
regardé avec indifférence l’effondrement de l’industrie
sidérurgique, la fermeture des mines de charbon, et le
long et douloureux déclin de l’industrie automobile.
Autrefois glorieux, le
centre de l’industrie britannique - le cœur battant d’un
empire - passait de Birmingham à Liverpool, de Liverpool
à Newcastle, et de Newcastle à Derby. Mais des décennies
de mauvaises décisions politiques et industrielles
scellèrent la destinée du pays comme centre de
manufacture, condamnant de larges pans de son industrie
à l’oubli, pendant qu’au Japon et en Allemagne les mêmes
industries furent renforcés pour former une base solide
pour le futur.
Tom Barton se rappelait
la Wolseley et l’Humber de son père, des voitures
construites dans les années soixante par des
constructeurs automobiles, autrefois célèbres, mais
aujourd’hui disparus, engloutis par la défunte British
Motor Corporation et son successeur British Leyland qui
endura le même triste sort. La Grande-Bretagne avait
même abandonné le contrôle de son secteur automobile de
haute gamme, aujourd’hui dans les mains des Allemands
BMW et Volkswagen, et plus incroyable l’Indienne Tata
Motors. Incroyable n’est pas exagéré, si regarde le
niveau de développement économique et industriel du
Royaume-Uni des années soixante, et si on le compare à
celui de l’Inde, nouvellement indépendante, luttant
contre la misère, la surpopulation et la quasi-absence
de développement industriel et économique.
Airbus a réussi quand
les avionneurs britanniques, autrefois illustres, tel
que De Havilland, Hawker Siddeley et Vickers, se sont
éclipsé. Ariane a prospéré après toute une série de
fusées britanniques, certainement viables, mais
condamnées à l'abandon en faveur des lanceurs
américains. Résultat de querelles politiques incessant
et d'indécision. Le secteur nucléaire a été laissé aux
Français. L’informatique aux Américains et aux Japonais.
En s’accrochant à la queue de l’Amérique, la
Grande-Bretagne a abandonné plus de deux siècles de
tradition industrielle.
Les britanniques ont été
bercés dans la complaisance par le glitz et le glamour
des célébrités, qui leur sont imposées, comme modèles de
référence, par les médias trash. Le terme ‘célébrité’ a
fait autrefois référence aux idoles du cinéma, des
starlettes, les joueurs de foot et de cricket. Mais tout
ceci a changé lorsque la télévision, en haute définition
et en couleur, a projeté des images, en chair et en os,
des leaders politiques, coachés par des spécialistes des
relations publiques et relooké par des maquilleurs, dans
l’intimité des foyers britanniques. Ces leaders
portaient un message séducteur aux téléspectateurs :
dépenser et s'enrichir … comme si demain n’existait pas.
En même temps, la télévision populaire a encouragé les
téléspectateurs à imiter le style de vie des dites
célébrités, singeant leur vie supposée élégante:
appartements et villas tape-à-l’œil, grosses cylindrées,
boutiques branchées, divertissements bruyants, modes
criards, copiant les styles et les manières peu
raffinées de leurs idoles sportifs, fréquentant les pubs
et les clubs branchés, et vivant à crédit sans prêter
attention aux conséquences de leur frivolité.
――o0o――
CHAPITRE II
ETE 2007
LA CITY DE LONDRES
Fitzwilliams
regardait le ciel bleu clair d’été et respira
profondément. Il ne s’était
jamais senti aussi bien. Mais la sensation de bien-être
avait peu à voir avec la qualité de l'air, qui était
tout,
sauf bonne,
recyclée
sans fin grâce à un vaste et complexe réseau de gaines,
filtres et appareils de refroidissement. L’air était
refoulé par des ventilateurs énormes vers son bureau,
situé
au sommet de la tour, dans une vaste coupole de verre
étincelant. Le puissant système de climatisation
fonctionné sans arrêt, vingt-quatre heures sur
vingt-quatre, silencieusement, dans les entrailles de la
tour loin en dessous des pieds coûteusement chaussés du
banquier.
Quatre années s'étaient
écoulées depuis sa décision de transférer le siège
social de l’Irish Netherlands Bank Ltd vers la tour
futuriste qui dominait l’horizon de la City. Quatre ans,
durant lesquels les fortunes, de ce qui était en effet
un groupe bancaire anglo-néerlandais, avaient progressé
à pas de géant, les assurant une place bien méritée dans
le célèbre mile carré de Londres. Quatre ans, qui
avaient vu les bénéfices de la banque atteindre des
hauteurs jamais imaginées par les prédécesseurs de
Fitzwilliams, quatre ans d’expansion continue.
Certains plaisantins
appelaient le siège de la banque, avec sa forme
évocatrice, le membre viril de Fitzwilliams. Ils
n’étaient probablement pas très loin de la réalité, en
effet le banquier avait tellement l’habitude du succès,
qu’il se sentait invulnérable, imparable. Son nid
d’aigle, perché au sommet étincelant, était le fier
symbole de sa réussite, visible et enviable par tous
ceux moins bien dotés que lui.
Ce matin d’été, il
semblait que rien ne pouvait arrêter la progression de
la banque; les prévisions de résultats de ses trois
pôles géographiques - Londres, Dublin et Amsterdam -
étaient louables et l’avenir semblait assuré. Il s’était
passé un peu plus d’une décennie depuis que l'oncle de
Fitzwilliams, David Castlemain, avait envoyé son neveu
prometteur en Angleterre pour prendre en charge le
développement des activités hypothécaires de la banque
au Royaume-Uni. Puis, quand le destin frappa à sa porte
de façon inopinée, Fitzwilliams fut projeté vers le
haut, et sous sa direction, la petite banque irlandaise
fut appelée à subir une transformation étonnante.
C’était vendredi, le 27
juillet, les écoles étaient sur le point de fermer pour
les grandes vacances. Sur le front des affaires, la
calme traditionnel descendait sur les marchés. Avec peu
de choses importantes à l’horizon, rien n’empêchait
Fitzwilliams de descendre, comme prévu, à Poole sur la
côte sud de l’Angleterre, pour profiter d’une semaine de
loisirs sur son yacht, le Marie Gallant II.
Le PDG retournait à son
bureau et se mit à feuilleter les divers documents que
sa secrétaire avait préparés. Ses pensées étaient
toujours fixées sur ses plans pour la semaine à venir
quand le rapport intérimaire de la banque Northern Rock,
l’un de ses concurrents et leader du marché dans le
secteur hypothécaire, attira son attention. Le rapport
annonçait des résultats positifs pour le premier
semestre avec une perspective prometteuse pour le
second.
――o0o――
CHAPITRE III
LE PAYS BASQUE
Jack
Reagan sirotait une bière fraîche en admirant la vue de
sa résidence de vacances dans la petite ville
frontalière d’Hendaye, sur la Côte Basque. Le temps
était exceptionnellement chaud; un peu plus de
trente-sept degrés, l’une des températures les plus
élevées jamais enregistrées dans une région connue pour
son climat atlantique doux et souvent humide. Chaque
année, avec sa femme, ils passaient deux mois dans la
petite station balnéaire, se relaxant sur le bord de
mer, marchant dans les contreforts des Pyrénées, et
profitant de la gastronomie locale: pipérade, tapas,
Jamon Iberico, et les vins de la région comme
l’Irouleguy ou le Rioja espagnol.
De l’autre côté de la
frontière se trouvait le País Vasco ou Euskual
Herri, une région autonome d’Espagne. Du côté
français, le Pays Basque n’avait aucun statut politique,
au grand dam des quelques vrais Basques restants, sauf
sa longue histoire et de ses traditions.
En arrière-fond, une
chaine d'information télévisée annonçait des nouvelles
alarmantes en provenance du Liban, qui, auraient tout
naturellement peu intéressé les milliers de vacanciers
insouciants, allongés sur la longue plage sablonneuse de
la station balnéaire. Sauf que cette énième crise au
Moyen-Orient avait propulsé le prix des carburants à des
sommets jamais vus ; l’équivalent de presque huit
dollars le gallon à la pompe, un chiffre qui aurait
provoqué une révolution aux Etats-Unis.
La population d’Hendaye,
comme chaque été, était
passée
de quinze mille à presque quatre-vingt mille avec
l’afflux annuel des estivants et des touristes. Il n’y
avait rien d'inhabituel à cela. Ce qui avait
changé c'était les prix de l’immobilier. Sans raison
évidente
ils avaient soudainement explosé, rivalisant avec ceux
de Paris, à huit cents kilomètres au nord, et ceux de
Madrid, à cinq cents kilomètres au sud.
Reagan ne pouvait
s’empêcher de se demander pourquoi les prix de
l’immobilier à Hendaye, une petite, presque
insignifiante,
bourgade nichée
dans un coin relativement tranquille de la France, avaient
soudainement explosé. Une partie de la réponse reposait
peut-être sur
la disparition des frontières au sein de l’Union
européenne. Hendaye était devenue
attirante
comme lieu de
résidence
pour un nombre croissant de familles espagnoles vivant
de l’autre côté de la frontière. San Sébastian, à
environ vingt kilomètres de distance, connue
par les Espagnols comme une
station balnéaire chic, était devenue horriblement chère
comparée à sa petite voisine française.
Un nombre croissant de
familles espagnoles optèrent pour des résidences
secondaires à Hendaye et de nombreux autres s’y
installèrent sur une base permanente. Probablement, en
raison d’un manque de logements abordable du côté
espagnol, plus densément peuplé. Il y avait aussi le
Topo, le réseau ferroviaire servant San Sebastian et
ses environs. La dernière station de sa ligne nord était
située du côté français de la frontière, à la Gare SNCF
d’Hendaye. Le Topo offrait aux Espagnols résidant en
France un accès facile à leur lieu de travail côté
espagnol.
En l’espace d’une
décennie, la population espagnole à Hendaye avait
atteint près d’un tiers de ses résidents permanent. Un
changement bienvenue pour l’agréable, mais
économiquement en déclin, station balnéaire.
C’était une situation
qui avait inévitablement conduit à un développement
immobilier effréné couplé de projets d’infrastructures,
déclaré nécessaires pour satisfaire les besoins d’une
population en plein essor, tels que l’incinérateur
d’ordures ménagères, écologiquement discutable, et dont
l’emplacement était prévu dans la proximité de la ville
voisine espagnole d’Irun.
La municipalité
d'Hendaye appartenait à ce qu’on appelait le Consortio,
une structure administrative transfrontalière composée
de trois municipalités mitoyennes; Irun et Fuenterrabia
étant les deux autres avec respectivement, des
populations de cent mille et dix mille habitants.
Fuenterrabia, une ancienne et pittoresque citadelle, se
trouvait sur la rive sud de la Bidassoa, dominée par sa
magnifique cathédrale et le Castillo de Carlos V,
construit dans les 16ème et 17ème siècles pour défendre
l’Espagne contre la France.
――
Il y avait une odeur de
spéculation dans l'air. Tout était à vendre ou à
agrandir, que ça soit une simple villa ou l'extension de
la piste de l'aéroport de San Sebastian. Si
les politiques
obtenaient avait
gain de cause,
ce prolongement
gâcherait la vue
splendide de l'élégante villa basque de Reagan, situé
sur la colline qui surplombait
la baie de Chingudy, sans parler de l'effet qu’aurait l'arrivée de gros
porteurs sur la tranquillité de la ville et de ses habitants.
Pendant des décennies,
le petit aéroport et sa piste unique reposèrent
sous l’ombre du
Jaizkibel avec ses 547 mètres d’altitude - le dernier
sommet à l’ouest du piémont pyrénéen. L’aéroport, dont
le bout de la piste était situé à quelques centaines de
mètres d’une bande de sable appelée l’Ile
aux
Oiseaux -
une zone de repos
pour les oiseaux migrateurs, avait été le point
d’arrivée et de départ d’une dizaine de vols de ligne
quotidiens.
La moitié de ces vols étaient assurés par des appareils
à hélice relativement silencieux.
Puis, des politiques
ambitieux et des hommes d'affaires concentrèrent
leur attention sur les avantages qu'ils pourraient tirés
de l’agrandissement de l’aéroport et l’extension de sa
piste. Un demi-kilomètre de plus dans la baie
apporterait plus de trafic avec l’arrivée de gros
porteurs. Mais les
habitants de la baie voyaient
ce projet d'un
mauvais œil: la
transformation d’un site d’une beauté naturelle
extraordinaire en plaque tournante de
trafic aérien polluée.
Même le petit jardin
municipal d’Hendaye avec ses platanes centenaires, légués
à la ville par un propriétaire disparu depuis longtemps, fut
transformé en une aire de jeux bétonnée. Sur une échelle
beaucoup plus importante naquit le projet de
couvrir la voie ferrée, Paris-Madrid - vieille de cent
cinquante ans, et qui traversé le centre ville dans une tranchée profond de quinze
mètres. Une plate-forme massive, en béton précontraint,
fut planifiée, de plus de trois cents mètres de long par
près d'une cinquantaine de large. Un projet plus
conforme à un ouvrage monumental qu’aux fondations d’un
immeuble résidentiel dans une petite ville de province.
Furent également prévus dans le projet un centre
commercial et un parking souterrain, tous conçus sur une
base purement spéculative. Les plans d'architectes
présentaient un total de trois cent cinquante
appartements, soit une augmentation du nombre total de
logements de presque dix pour cent dans cette petite
ville.
Les élus déclaraient ces
changements nécessaires pour la croissance de la
commune, pour l'emploi, et pour favoriser son
développement. Reagan lui-même, se demandait ce que les
promoteurs feraient une fois les projets en cours
seraient achevés. Est-ce qu'ils recommenceraient à
nouveau? Puis encore, et encore? Qui allait payer pour
cela? Où tout cela mènerait-il? Est-ce que de tels
changements étaient nécessaires? Des changements, si
répétés sur une échelle nationale et internationale,
auraient sûrement des effets dans d’autres parties du
monde: la lutte pour les ressources, le pétrole, les
matières premières, l’eau, l’espace - avec la menace du
changement climatique. Et ceci se traduirait dans un
avenir où les températures estivales de trente-sept
degrés en régions tempérées comme la Côte Basque,
seraient devenues normales.
――o0o――
CHAPITRE IV
LONDRES
A
l’arrivée dans son bureau spacieux, loin au-dessus des
rues étroites de la City de Londres, Fitzwilliams, au
bronzage éclatant, se sentait très détendu après une
semaine de fête à bord de son yacht à Poole. Il s’assit
devant son café matinal, puis ramassa la copie du
Financial Times, soigneusement pliée par sa secrétaire,
et placée sur la table basse. Il n'y avait pas de
nouvelles sensationnelles - le commerce entre pays
riches et pauvres et un non-sens sur les réglementations
sur les échanges de vessies de porc.
Il appela sa secrétaire.
— Pat est-il arrivé?
— Non, il a appelé pour
dire qu’il sera là vers midi.
Fitzwilliams renifla. Il
pense qu’il est encore en vacances, il marmonna en
remettant l’appareil.
Une heure plus tard,
Kennedy se présenta au bureau de Fitzwilliams,
nonchalant et content de lui-même. Son coup de soleil
semblait moins vicieux, probablement dû au fait qu’il
avait disparu de vue pendant trois jours avec une belle
blonde russe, une de celles qui avaient accompagné
Sergei Tarasov sur le Marie Gallant II.
— T’était soigné ton
coup de soleil, demanda Fitzwilliams d’un ton
sarcastique.
— Fitz… répondit Kennedy
en badinant. Il faillait montré Londres à Anna.
— Mon œil. Pour réviser
ton russe j’imagine!
Kennedy haussa les
épaules mal à l’aise.
— Je meurs de faim, dit
Fitzwilliams passant aux choses plus sérieuses.
Bon, il est l’heure de casser
la croute.
— Où? A l'étage?
— Non, au
pub.
Le Stone Horse Paper Cow
était à deux minutes de la tour 30 Saint Mary Axe.
En passant
la porte du pub,
Fitzwilliams jeta un rapide coup d’œil autour de lui
pour s'assurer
qu’ils
seraient à l'abri des journalistes. La presse
spécialisée dans la finance et la City était avide de
toute sorte d'échos venant de la haute finance, prêt à
transformer une simple pause sandwich en
une folle rumeur. Mais, l'ancien pub était encore
relativement calme en raison
des
vacances.
Ils commandèrent une
bière et des sandwiches, puis s’assirent dans les
fauteuils en cuir, usés mais confortables, autour d'une
table basse à l’abri des regards.
— Après le champagne et
le caviar, ça change de manger un bon vieux sandwich de
jambon aux des cornichons !
Kennedy acquiesça et se
farcit la bouche avec le sandwich.
— C’est le calme total.
— Les vacances.
— Hmm.
— Ils parlent d'un
problème de liquidités aux États Unis.
— Ca va nous toucher?
— Difficile à dire.
Nous sommes dans le marché hypothécaire.
L’après-midi même, un
bruit circulait dans la City sur des problèmes chez la
banque française BNP Paribas. La rumeur concernait trois
des fonds de la banque qui avait perdu plus de vingt
pour cent de leur valeur au cours de la semaine
précédente.
――
Mercredi matin, le 9
août, BNP Paribas annonça qu’elle gelait trois fonds de
placements composés de titres adossés à des subprimes
américains, placements qui avaient été effectués grâce à
de l'argent emprunté sur les marchés à court terme.
Un porte-parole de la
banque annonça que l’évaporation totale des liquidités
dans certains segments de marchés de titrisation aux
Etats-Unis empêchait la valorisation adéquate de
certains actifs, indépendamment de leur notation de
crédit.
Soudain, le monde, hors
celui des spécialistes, découvrit les subprimes: des
prêts hypothécaires à risque, conçus pour des
emprunteurs de condition modeste, ayant de mauvais
dossiers de crédit et même des histoires de
remboursement.
Fitzwilliams convoques
immédiatement ses proches conseillers à une réunion
d'urgence pour déterminer l’impact qu’une crise de
liquidités pourrait avoir sur l’Irish Netherlands Bank.
En dehors de ses traditionnelles activités de banque de
détail, elle s’était récemment tournée, comme ses
principaux rivaux, vers d'autres sources de fonds, tels
que le financement de détail pour ses produits
hypothécaires.
L’idée ne lui était
jamais venus à l’esprit pendant les
années euphoriques qu’il sirotait du Champagne, que
l’avenir pourrait êtres différent. Pendant qu’il
s’amusait à bord de son yacht luxueux avec ses amis et
ses acquaintances, lui, comme eux, n’imaginaient pas que leur monde, utopique
et d’enrichissement personnel, pouvait devenir différent.
On
aurait pu excuser
un observateur de
se demander si Fitzwilliams avait oublié tout ce qu'il
avait appris à la prestigieuse London School of
Economics, ou s'il avait simplement devenu aveuglé par
sa propre cupidité.
Au cours des étés
heureux des années 2006 et 2007, les vacanciers qui se
promenaient
sur le quai à Poole, restaient
bouche bée devant les riches qui jouaient
sur leurs yachts,
ceux bénie par la
fortune tels que les banquiers, traders, promoteurs
immobiliers et courtiers en prêts hypothécaires.
Beaucoup de gens ordinaires se sont
sans doute demandés
pourquoi ils
avaient raté le coche pendant les années du boom
spéculatif?
――o0o――
CHAPITRE V
FEVRIER 2007
BANGKOK
Plusieurs
jours s'étaient écoulés depuis que Tom Barton avait
embrassé Emma Parkly en quittant New Delhi. À son
arrivée à Bangkok il s'était mis à explorer la ville,
découvrant à sa grande surprise un contraste
considérable avec la pauvreté et le sous-développement
de l'Inde, où il venait de passer ce qui était sans
doute le mois le plus difficile de sa vie. Pendant son
séjour dans la petite station balnéaire de Kovalam une
épidémie de choléra s’était déclarée, se terminant par
une évacuation stupéfiant de milliers de touristes
étrangers, devant les caméras de télévision du monde
entier.
Barton s’impatientait de
voir Emma à ses côtés, mais il fallait attendre qu’elle
remplisse les dernières formalités liées à la mort de
son mari, Stephen Parkly, le PDG de la banque
hypothécaire, West Mercian Finance. La banque était au
bord de la faillite après avoir était frappé par la
crise de liquidités. Depuis son dernier appel
téléphonique à l’Oberoi à New Delhi, une ombre de doute
s’était glissée dans son esprit. Est-ce que c'était son
imagination, ou est-ce qu'il y avait un changement, à
peine perceptible, dans le ton de sa voix, un vague
soupçon d'hésitation? Mais Emma l’avait rassuré,
annonçant qu'elle avait réservé un vol vers Bangkok pour
le dimanche suivant.
Le lendemain soir,
Barton appela l’Oberoi à nouveau, comme promis. Emma
n'était pas dans sa chambre. Il laissa un message, puis
attendit dans sa suite. En vain, elle ne retourna pas
son appel, le laissant tourmenté par le doute et
l'incertitude. Le matin suivant, il appela à nouveau,
sans succès. Dans la soirée-même, à son grand désespoir,
Barton fut informé qu’elle avait quitté l'hôtel sans
laisser de message.
Le surlendemain, Emma
l’appelé de Londres. Tom ne fut pas totalement surpris.
Elle lui expliqua péniblement que son père était tombé
malade. Elle n'avait eu aucune autre alternative que de
quitter Delhi pour rentrer à la maison afin de se porter
aux côtés de sa mère. Les médecins se prononcèrent pour
une légère attaque, sa vie n'était pas en danger. Puis,
Emma informa Tom qu'elle avait besoin de passer quelques
jours, une semaine, avec sa famille. Tom ne pouvait rien
faire, sauf de cacher sa douleur.
Les jours se suivaient
et se ressemblaient. Une semaine passa et Emma remettait
toujours sa décision de le rejoindre à Bangkok. Puis,
vers la fin de la deuxième semaine de Barton en
Thaïlande, Emma admit qu'elle avait besoin de plus de
temps pour penser à l’avenir. Tom
se sentait
blessé, abandonné, après toutes les promesses qu’ils
s’étaient faites, l’un à l’autre.
A son retour à l’hôtel,
après un énième et dépriment promenade dans cette ville
poussiéreuse et suffocante, le concierge lui tendit une
lettre, ‘par avion’. L’écriture sur l’enveloppe était
celle d’Emma. Il lui semblait étrange de recevoir une
lettre ‘par avion’ dans un hôtel à Bangkok, comme une
sorte de retour vers le passé. Il ne se souvenait pas de
la dernière fois qu’il avait reçu une lettre ‘par
avion’. C’était quelque chose qu’il n’aurait jamais pu
imaginer il y a seulement deux mois, et encore plus
étrange dans le monde modern d’Internet et des
téléphones portables.
Appréhendant les
mauvaises nouvelles, il retourna vers sa suite pour
ouvrir la lettre. Elle était longue. Emma déversait ses
pensées, elle semblait confuse, ses parents l’avait
persuadé de prendre plus de temps pour réfléchir. Après
tout, sa famille et ses amis étaient à Londres.
Commencer une nouvelle vie, loin d’eux serait, trop – en
plus avec un homme qu’elle connaissait à peine. Tout ça
après les événements dramatiques qui avaient
soudainement et brutalement bouleversé sa vie, la mort
tragique de son mari en Inde, puis l’effondrement de sa
banque hypothécaire, la West Mercian Finances.
Au début, Barton avait
accepté l’idée qu’Emma avait besoin d’être près de sa
famille en Angleterre. En d’autres circonstances, il
aurait sauté sur le prochain vol pour la rejoindre, mais
étant donné les conditions dans lesquelles il avait
quitté Londres, ce n’était pas une option. Il y avait
peu de choses à faire d’autre qu’attendre et espérer.
Puis, les jours
passaient et lentement il réalisa qu’Emma ne le
rejoindrait jamais. Au départ, il passait le temps à la
piscine de l’hôtel qui donnait sur la rivière Chao
Phraya, en attente de nouvelles, en faisant des plans
pour une nouvelle vie avec elle - où exactement resté
vague. Puis, lentement, quand la réalité se fit jour, il
n’eut pas de choix que d’accepter l’idée qu’il était à
nouveau seul et recommencer à regarder son étrange
environnement de manière différente.
Il n’avait pas remarqué
le magnifique hôtel et le personnel avec leurs wais
respectueux. Il donnait peu d’attention au magnifique
hall d’entrée qu’il traversait chaque jour avec
indifférence. En acceptant sa nouvelle situation, le
voile se levait, et pour la première fois, il pouvait
admirer l’énorme lustre en cristal qui éclairait le
vaste et élégant atrium, il entendait le son du piano à
queue, joué par une jeune thaïlandaise gracieuse, et le
murmure de l’eau qui coulait de la fontaine imposante,
sculptée en marbre blanc, et qui dominait le hall.
Finalement, à contre
cœur et tous ses espoirs déçu, il tournait son attention
vers d'autres choses. Il découvrit que la Thaïlande
était différente de l’Inde, très différente. Bangkok
était une ville moderne et dynamique, une autre culture,
un autre monde. Il explora les bas-fonds
louches
de la ville avec ses bars et clubs: Patpong et Soi
Cowboy, attirant des touristes peu exigeants et les
expatriés fatigués. Il était forcé d’admettre que les
filles n'étaient pas mal, différentes, et malgré tout
séduisantes. Il était tenté par les filles de bar et
les salons de massage, mais il avait été averti des
risques de ces brèves rencontres. Ainsi,
avec son refus de noyer son chagrin dans la boisson, il
restait dans
le droit chemin.
Petit à petit, il
commença à se
sentir
étrangement à l'aise dans sa suite située dans l'Aile
des écrivains. Il s’élaborait
une sorte de familiarité intime avec cette aile de l’hôtel,
qui avait
été fréquentée
jadis par de grands écrivains tels que Conrad. Barton
dérivait dans une routine insouciante, il se levait tôt,
passait
une heure dans le club de remise en forme, puis se prélassait sous
la douche, suivie d’un
petit déjeuner tranquille dans le Coffee Veranda Shop.
Là, en sirotant son café, il observait les allées et
venues des autres clients de l'hôtel, ou bien il
rattrapait les nouvelles internationales en lisant la
presse de langue anglaise. Ensuite, il passait une heure
au bord de la piscine, s'intégrant dans le paysage de
l'hôtel, échangeant des paroles avec ceux qu'il
commençait à reconnaître, pour la plupart des hommes
d'affaires.
Au début, il s’était
replié sur à lui-même, ses pensées trop fixées sur Emma.
Puis, quand l’ennui s’annonça il se força à chercher
d'autres distractions. Il jeta un coup d'œil sur les
courts de squash, où, de temps en temps il jouait une
partie avec un partenaire, client de long séjour comme
lui. Barton, à bout de souffle, a était toujours battu,
en dépit de ses séances quotidiennes au centre de remise
en forme.
Après la douche, il
rejoignait son partenaire de squash au bar pour prendre
une bière bien fraîche. Steve Howard, un amiable
Liverpudlian, bavardait au sujet de Bangkok et de l’Asie
du Sud-est en général. Après plus de deux semaines
d'introspection presque larmoyante, Howard était une
bouffée d'air frais, sans prétention et de bonne
compagnie, posant peu de questions, un homme clairement
habitué à la discrétion. Howard avait vaguement laissé
entendre qu'il était consultant, en faisant allusion à
l'élaboration de projets d'hôtel au Cambodge.
Howard était ce que
certains Américains auraient décrite comme un fixer,
un facilitator, ou pour les Français, une sorte
d’éminence grise. Quelle que soit la description,
c’était lui, dans les coulisses, qui arrangait des
négoces pour des hommes puissants dans le monde des
affaires. Il était également un investisseur astucieux,
pour ses propres intérêts, utilisant les informations
glanées parmi ses relations privilégiées avec des hommes
tels que Sergei Tarasov, le banquier russe, ou Fernando
Martínez, un magnat de la construction espagnol.
Il était l'invité
discret des riches à Londres, à Monaco, ou sur un yacht
dans les eaux chaudes
de la Méditerranée. Ses
compétences résidaient dans l'achat et la vente des
biens immobiliers commerciaux: immeuble de prestige,
hôtels de luxe et palaces, copropriétés de standing ou
complexes de golf. Ses commissions avaient fait de lui
un homme riche.
Contrairement à ce que
disaient les médias, les affaires continuaient à tourner
quel que soit les problèmes des banques ou des
gouvernements. Pour trouver la bonne affaire, il fallait
simplement regarder dans le bon endroit. Howard qui
n'avait pas de lieu fixe de business pouvait se déplacer
en fonction de ce que le marché lui présentait. Comme
tout investisseur avisé, il savait que les règles
étaient simples et de plus ne changeaient jamais:
acheter bas et vendre haut.
Howard le quitta avec la
promesse d'un match retour dès son retour de Phnom Penh,
informant Barton au passage que la capitale cambodgienne
n’était qu’a une petite heure de vol de Bangkok. A Phnom
Penh, Howard avait rendez-vous avec un client espagnol,
maitre d'ouvrage d'un grand complexe hôtelier. En riant,
il faisait remarquer sa préférence pour les conforts de
Bangkok, ville de huit millions d’habitants,
sophistiquée par rapport à l'ambiance provinciale de
Phnom Penh, une capitale moins imposante, où il était
difficile de passer inaperçu surtout quand on traitait
des affaires importantes.
――o0o――
CHAPITRE VI
L'ATLANTIC NORD
Loin
des plages de la Thaïlande, une des plus grandes
collections au monde de jets privés attendait sur le
tarmac de l'aéroport de Keflavik International à
Reykjavik en Islande, où la température oscillait autour
de moins quinze degrés. Les jets étaient à la
disposition de leurs nouveaux riches propriétaires
vingt-quatre heures sur vingt-quatre, les réservoirs
pleins, prêts à décoller. Un simple coup de fil, un
dernier coup du dégivrage, puis, cap sur Londres, New
York, ou d'autre destination, où cette petite élite
avait établi son réseau international d’opérations
commerciales. En tout cas, loin de leur île glaciale
plantée au milieu de l'Atlantique nord, située entre la
Norvège et le Groenland.
C’était surprenant, même
étonnant, que ce petit pays, officiellement partie de
l'Europe, avec une population d’à peine trois cent mille
âmes, se metta en concurrence avec des pays tels que la
Suisse comme centre bancaire offshore. Au Royaume-Uni,
en un clin d’œil, les entreprises islandaises étaient
devenues des noms familiers, pour les consommateurs et
les épargnants. Il y avait Baugur, un groupe
d’investissement islandais, propriétaire d’une longue
liste de chaînes de magasins et entreprises
britanniques. Landsbanki, un groupe bancaire établi dans
la City, avec sa banque d’épargne internet IceSave, qui
détenait en dépôt des milliards de livres de petits
épargnants britanniques.
Les nouvelles que
l’agence de notation Moody menacé d’abaissé la note de
tout le secteur bancaire islandais a secoué les
investisseurs. En même temps Standard & Poor prévenait
le marché que les banques Kaupthing, Glitnir et
Landsbanki étaient en sérieuses difficultés, malgré
l’annonce au contraire du gouvernement islandais, qui
rejetait vigoureusement tout idée d’une crise bancaire
du style Northern Rock.
C’était une situation
étrange, compte tenu du fait que l’unique ressource
économique réelle d’Islande était la pêche. Ce qui était
encore plus difficile à comprendre était le revenu
moyenne par habitant du pays a doublé dans l’espace
d’une décennie, s'élevant à quarante mille dollars par
an, un des plus élevés dans le monde.
Une petite clique
d’homme d’affaires islandais avait, dans un lapse de
temps très bref, fait fortune, notamment dans le secteur
bancaire, l’achat et la vente d’entreprises étrangères,
et en spéculant sur l’immobilier au Royaume-Uni et en
d'autres pays européens. À la fin de l’année 2006, le
total des actifs du secteur bancaire islandais avait
sauté à huit fois le PIB du pays, une conséquence de
l’afflux d'argent spéculative attirés par des taux
d'intérêt élevés, inondant ses banques.
Les premières
difficultés ont fait leurs apparitions à Gnupur, une
société d’investissement qui détenait une part
importante de la banque Kaupthing. Gnupur avait
rencontré des difficultés nécessitant une
ré-capitalisation d'urgence. Ceci posait un problème
majeur, car les banques et entreprises islandaises
étaient liées par un réseau complexe de participations
croisées. Si un de ces banques ou entreprises
rencontraient des difficultés, les conséquences
pouvaient provoquer une réaction en chaîne, menacent la
stabilité de tout le fragile système.
Ainsi, Kaupthing empêtré
Exista, un groupe d'assurance et d'investissement, dans
sa toile de malheur. Exista, qui était un des principaux
actionnaires de Kaupthing, qui à son tour possédait
quarante pour cent de Bakkavör, une société alimentaires
exploitant soixante-six usines et emploient plus de
vingt-mille personnes dans neuf pays, et vingt pour cent
du groupe Sampo, une compagnie d'assurance nordique.
Les affaires
incestueuses des banques islandaises étaient mises en
évidence par la révélation de leurs liens avec Robert
Tchenguiz, un entrepreneur iranien basé à Londres.
Tchenguiz, connue pour les fêtes somptueuses sur son
yacht à Cannes et ses affaires avec une longue liste de
belles femmes, y compris un modèle de Wonderbra.
Tchenguiz, membre du conseille d’administration
d’Exista, tenait cinq pour cent du groupe, de plus
Kaupthing avait financé beaucoup de ses transactions.
De la même manière Thor
Bjorgolfsson était président de Straumur, la quatrième
plus grande banque d’Islande, pendant son père était
président de Landsbanki. Le père et fils contrôlaient
Samson Holding, qui tenait trente pour cent de Straumur
et quarante pour cent de Landsbanki, tandis que
Landsbanki tenait dans ses coffres, théoriquement, près
de cinq milliards de livres sterling de dépôts
appartenait aux petits épargnant Britanniques.
――
A la City de Londres le
Nassau Investment Fund avait plongé avec la rumeur de
l'abaissement imminent de sa note. L’Irish Netherlands
Bank avait d'importants investissements par le biais de
son gestionnaire Nassau Asset Management dans des biens
immobiliers détenus par l'investisseur islandais, Thor
Jonsson. La confiance dans les marchés était fortement
ébranlée les événements en Islande et les investisseurs
se précipitaient pour retirer leur argent. La seule
solution était de renfloué le fond d’investissement avec
de l’argent frais en attendent que la tempête passe,
mais l’argent d'où?
Nassau Investment Fund
était le fond d’investissement phare de Nassau Asset
Management, avec plus de six milliards de livres
sterling d'actifs. Au cours de sa courte existence de
seulement six ans, le fond s'était vanté des gains de
près de huit pour cent par an. Il était considéré comme
l'un des investissements, de taille moyenne, pour les
investisseurs de détail, le plus solide dans la City. En
2006, Michael Fitzwilliams avait introduit le fond sur
le London Stock Exchange, où quatre-vingt pour cent de
hedge funds européens était cotés, avec beaucoup de
bruit.
Bien que le fond était
domicilié aux îles Caïmans, son gestionnaire, Nassau
Asset Management, était onshore, comme l'étaient
nombreux gestionnaires de fonds. Ceci leur permetaient
d'attirer de l’argent dans les grands centres financiers
tels que la City. La City, après New York et le
Connecticut, était le deuxième plus important centre de
gestionaire de hedge funds du monde, où étaient gérés
des centaines de milliards de dollars investi dans ces
fonds.
Fitzwilliams vanté que
son équipe, composée d’experts spécialisés dans
l’analyse statistique des données financières et le
développement de modèles algorithmiques pour le négoce
électronique, était parmi les meilleurs de la City.
L’équipe était dirigée par Greg Schwarz, un brillant
mathématicien débauchés de Lehman Brothers à un salaire
phénoménal, réputé pour le développement des modèles
d’analyse statistique nécessaire au trading électronique
à haute fréquence ; c'est-à-dire par multipliant le
nombre transactions de façon exponentiel afin de
réaliser un très grand nombre de petites plus-values
dans le but d’accumuler un maximum de bénéfices.
— Leurs salaires sont
irréel, Fitzwilliams confié à son ami Michael Tomlinson,
l’éditeur du magazine spécialisé The Economist,
plus de cinq cent mille livres par an, ajoutant avec un
clin d’œil, presque plus que la mienne.
――o0o――
CHAPITRE VII
PHUKET - THAILAND
Tom
Barton en s’errant dans la galerie marchande de l’hôtel
sentait un vague impression de soulagement, c’était
comme si la chape de plombe qui pesait sur lui se levée.
Il s'arrêta devant une agence de voyages, parmi les
offres affichées dans la vitrine était une offre de
trois jours à Phuket. Cela lui semblé comme une bonne
idée. Sans réfléchir il poussait la porte et entre dans
l’agence. Une jeune femme souriante l'informait que
l’offre comprenait trois nuits dans un hôtel dans la
proximité de la plage de Patong.
— Est-ce que dans le
centre?
— Vous voulez dire de
Phuket?
— Je ne sais pas.
J’aimerais quelque chose près du centre, de la plage,
près des commerces et des restaurants, dit-il gaiement.
—Voyez, La Flora est
très bien. Cet hôtel donnait directement sur Pa Tong
Beach, la meilleure plage de Phuket, dit-elle en lui
montrant une brochure avec des images.
Barton avait envie de
découvrir l’endroit où les touristes étrangers passaient
leurs vacances, la routine à l'Oriental était devenue
triste et routine et il sentait le besoin de changer
d’ambiance.
— Il me semble très
bien. D’accord. Quand puis-je partir? Aujourd’hui?
Rapidement elle vérifiât
les vols et la disponibilité des places sur son
ordinateur, et en même temps, l'informant que le mois de
février était la meilleure saison, sec avec un ciel
bleu.
— Pas de problème, elle
annoncé au bout de quelques moments. Il ya un vol avec
Thai Airways à 18h40 ce soir, si cela vous convient, que
voudriez-vous, classe affaires?
— Ce serait très bien.
— Combien de temps
faut-il pour aller à l'aéroport?
— Vous devrait partir
d'ici à 16h30 la circulation est un plus fluide à ce
moment de la journée.
— Parfait, dit-il en
sortant sa carte noire d’American Express, presque neuve
et toujours brillante.
――
Après un peu plus de une
heure de vol de l’Airbus atterrait à l'aéroport
international de Phuket, qui se trouvait à la pointe
nord de l'île, à environ vingt-cinq kilomètres de Pa
Tong. L'aérogare n’était pas très grande et Barton, avec
un seul bagage à main, est sorti directement vers la
zone des arrivées. Là, il trouvait un chauffeur, portant
un panneau en carton inscrit au stylo feutre noir avec
son nom et celle de l'hôtel, qui l’attentait.
Une fois sorti de
l'aérogare le temps semblait plus chaud que Bangkok. La
nuit a tombée et de ce qu'il a pu voir des environs,
c’était rurale et avec assez peu de circulation. Après
avoir quitté le périmètre de l'aéroport le conducteur
prenait l’autoroute en direction de la ville de Phuket.
Puis, après environ cinq kilomètres ils prenaient une
sorti direction ouest et une route qui montée fortement
passant pars une série de collines avant de finalement
redescendre vers Pa Tong Beach. Les lumières et une
dense circulation de véhicules annoncé leur arrivée dans
la station touristique. Quelques minutes plus tard, la
voiture s’arrêtée et le déposé devant l’hôtel La Flora
sur la très animée rue Taweewong.
La Flora était neuve,
tout récemment ouvert. La chambre à Barton était grande
confortable avec une large terrasse qui surplombait sur
la piscine de l’hôtel et la plage. Regardant sa montre,
il était juste après neuf ans; il avait mangé dans
l'avion et décida de remettre toute exploration au
lendemain.
Prenant une bière Singha
dans le minibar, il sortait sur la terrasse et
s’installé dans une chaise longue pour savouré
l’ambiance de son nouvel entourage. C’était un
changement après le bruit et l’urgence de Bangkok.
Pendant qu’il sirotait sa bière, il écoutait les vagues
et sentait le mouvement de l’air voluptueux venant de la
mer chaude. Une sensation de délivrance traversé son
corps. Soudain, la vie semblait mieux - malgré un bref
moment de tristesse quand l’image d’Emma flottait de
nouveau dans ses pensées.
Le lendemain matin,
Barton se levait de bonne heure. Après trois ou quatre
longueurs dans l’eau de la piscine il se dirigea vers
restaurant de l’hôtel. Là il optait pour un petit
déjeuner anglais avec du café et suivi d’une papaye
fraîche légèrement aspergé de jus d’un citron verte.
Puis, il se mit alors à la découverte de Patong, où la
brochure, qu’il avait trouvé à la réception, présentait
comme : la plus jolie et la plus populaire des plages
de Phuket, propose des sports aquatiques dans les eaux
translucides, avec ses hôtels, restaurants, centres
commerciaux et une vie nocturne animée, riche en bars et
des pubs interminables.
Tout d’abord, comme pour
n’importe quel touriste, il commençait par l’inspection
obligatoire de la plage ; une bande de sable blanc, un
paradis tropical, bordant une baie en forme de
croissant, entourée par des collines basses et couvertes
d’une épaisse végétation de couleur vert foncé, sous un
ciel bleu éclatant. La plage était bordée d’arbres
tropicaux à feuillage épaisse et dense, offrant aux
vacanciers lève-tôt une protection contre un soleil déjà
brulant. Les mêmes lève-tôt marquaient leurs territoires
de serviettes de bains et flacons de crème soleil. Des
couples se promenaient mains dans la main dans les
vaguelettes d’une mer calme et transparente. Les
plagistes s’occupaient des lignes de chaises longues et
parasols sur le sable blanc et fin, d’autres
s’occupaient des jet-ski et voiliers de location échoué
sur la plage. Barton était heureux avec ce qu’il a vu,
c’était plus réel qu’une image de carte postale et
exactement ce qu’il fallait pour faire une pause de
réflexion sous le soleil.
Son programme pour la
matinée se poursuivi avec un coup d'œil à la ville,
commençant par Taweewong Road, suivant la rue, dans la
direction nord-sud parallèle à la plage. C’était un
paradis touristique, une profusion de signes et de
néons, un kaléidoscope de boutiques de mode, boutiques
de souvenir, bijoutiers, bars, night-clubs, restaurants,
hôtels, bureaux de location de voitures, cafés Internet
et agences de voyage. Patong était des années lumières
de Kovalam Beach, dans le Kerala au sud de l’Inde, où
Barton avait fait un désastreux départ de l'année 2008,
et où il avait fait connaissance pour la première fois
d’une station balnéaire tropicale. Par contre les
touristes lui semblaient pour la plupart
interchangeables. Pa Tong était propre et ordonnée,
comme ce fut presque tout ce que Barton avait vu de la
Thaïlande. La capitale Thaï n’avait pas la moindre
similitude avec Delhi ou Bombay, villes dystopiques,
sauf peut-être l'enchevêtrement perpétuel de sa
circulation.
La matinée était encore
jeune, il y avait toujours de la fraîcheur dans l'air,
tout semblait lumineux et les passants souriantes. Les
premières touristes avaient l'air heureux, heureux avec
la vie, heureux d’être là où ils étaient. Il n’y avait
pas à rechercher à des explications, ni le genre de
perplexité qu’il avait observé sur les visages des
visiteurs à Kovalam, l'effort d’essayer de se
réconcilier la pauvreté et la misère locale avec des
vacances coûteuses, le farniente des plages au soleil.
En le même temps, c’était difficile de réaliser qu’il y
a seulement trois ans, Pa Tong avait été détruite par le
terrible tsunami.
La Flora était situé à
mi-chemin sur Taweewong Road, mieux connu sous le nom
Beach Road, entre Swadirak Road et Bangla Street. Barton
traversa la rue en se faufilant entre la circulation qui
avançait lentement, puis il tourna au sud vers Bangla
Street. Là il découvrait une extraordinaire profusion de
bars et de boîtes de nuit, visiblement en train de se
remettre d’une longue et chaude nuit, sans doute comme
toutes les nuits. Des jeunes femmes, à toute évidence
des filles de bar, allant et venant. Elles étaient
habillées de shorts ou de jupe très courtes, et
débardeurs. Beaucoup d’entre elles portaient des bols
dans les mains, contenait presque certainement leur
petit-déjeuner. Des voitures, camionnettes, scooters et
motos passaient à coté en roulaient aux pas.
Il était compréhensible
que la routine quotidienne à Pa Tong commence avec la
plage, là les fêtards récupéraient après une nuit longue
et dure, allongés sous le soleil, puis au fur et à
mesure que la journée avançait, lentement, ils
commençaient à réfléchir aux préparations pour la soirée
à venir.
D’après les brochures
qu’il avait parcouru sur le vol de Thai Airways, il y
avait d'autres distractions: visites aux jardins de
papillons, fermes de crocodiles et promenades à dos
d’éléphant, mais ce type de distraction n’était pas
vraiment son truc. Il y avait aussi des excursions en
bateau. Cela ne semble pas une mauvaise idée, peut-être
pensa-t-il qu’il allait l’essayer le lendemain. En
attendant, il a décidé quand à Rome .... Puis, avec un
demi-tour indolent il retrouvait le chemin de retour à
l'hôtel pour se préparer pour la plage.
D’abord, il chercha un
exemplaire de l’édition du dimanche du Bangkok Post, et
l’International Herald Tribune, ce dernier vieux de deux
jours. Puis, nonchalamment, il se diriger vers la plage
où il sélectionna une chaise longue avec une bonne
perspective. Quelques vendeurs ambulent passer lentement
entre les vacanciers sur le longue de la plage en
présentant leurs marchandises ; boissons froides,
fruits, T-shirts et divers souvenirs. Barton se
positionnait sous son parasol et assidûment appliqué une
couche de protection de crème solaire. Même s’il
arborait un joli bronzage, il ne prenait aucun risque
compte tenu des deux mois d’expérience qu’il avait déjà
acquis sous le soleil tropical.
En regardant autour de
lui il observer les vacanciers faisant la même chose. Il
se demande dans quelle catégorie il se trouvait lui même.
Car, il n’était pas un vacancier, et non plus un homme
d'affaires. Peut-être on l’aurait décrit comme un
voyageur de moyens indépendant. L’étiquette lui
plaisait. Les dernières semaines ont été tellement
bouleversantes et si pleine d’événements, qu’il avait eu
vraiment très peu de temps à analyser sa propre
situation ou même de penser à son avenir.
Emma Parkly avait pour
un moment l’occupait, de ce qui maintenant s’est avéré
d’être de fausse promesse. Il était difficile d’accepter
qu’il avait été - comment pourrait-il le décrire –
gauche, naïf – en bref planquer. Eh bien c’était bien
ça. Elle était rentrée chez elle, faite son choix, et ce
choix n’était lui. Il était de retour à la case départ.
Mais ce n’était pas si une telle aventure avait fait
partie de son programme de départe … s’il y avait un.
L’International Herald
Tribune rapportait les événements au Pakistan et la
tournée africaine de George Bush. La crise économique
semble avoir disparu de vue dans les informations. West
Mercian et Northern Rock étaient oubliée, la première
a été achetée par une grande banque espagnole et le
dernier tout simplement nationalisée. Wall Street et le
Footsie ont rebondi en ce qu’il jugeait d’être un moment
de calme précaire dans le marché, entre crises
successives de nervosité. Barton savait que les
fondamentaux n’ont pas changé et il prenait une note
mentale de passer ordre à son gestionnaire de compte à
Genève d’acheter de l’or. Mais, ce n’était pas la
nervosité des marchés financiers qui déranger Barton,
car, il avait brûlé ses ponts, c’était plutôt son propre
avenir qui le préoccupé.
Pendant que la
température ambiant montée et le bruit de la circulation
dans les rues à proximité de la plage flottait dans
l'air, il commençait à sentir un peu raide sur son
transat. Il était temps de cherché quelque chose à
manger et à boire et dans un endroit à l’abri du soleil,
climatisé. Les petits vendeurs au bord de la plage
proposaient du poulet frit et de l'ananas fraîchement
coupé. Ca senti bon mais compte tenu de son expérience
récente à Kovalam, il a immédiatement exclus toute idée
de céder à la tentation.
Il a glissé son T-shirt
sur le dos et plié ses journaux sous le bras et se
diriger vers Taweewong Road, résolut d’essayer un des
nombreux bars plutôt que de manger à l’hôtel. Lors de
son sorti le matin-même il avait repéré un steak house
et l’idée d’un bon steak a fait saliver ses papilles.
Après un tour, il trouva La Boucherie, situé dans le
Royal Phawadee Village. Il y avait peu de monde, c'était
peut-être un peu trop tôt, mais le menu avait l'air
appétissant. Un steak et une pomme de terre cuite au
four fera un bon idée, il avait faim, il avait presque
oublié ce qu'était un bon steak, surtout un steak
française - suivant le menu.
Il a été accueilli par
une jeune femme souriante qui lui placé près d'une
fenêtre donnant sur un petit jardin et lui présenta un
menu. Il commanda une bière et sélectionna un steak. Il
se sentit déjà mieux, l'air était frais, pas trop, comme
ce fut souvent le cas en Thaïlande, où le personnel des
restaurant et des hôtels avaient l’habitude de mettre la
clime à fond. Une petite inspection du restaurant
partie d'un hôtel, ce qui expliqua
pourquoi il n'était pas trop plein.
Bientôt, sa
concentration a été fixé sur le steak grillés aux feu du
bois, que la serveuse l’a placé devant lui. Il commanda
une autre bière et attaquait le steak, trop occupé pour
voir des touristes s’installa à une table près de la
sienne. Quelques minutes passa avant son attention se
détourna de son steak, puis en levant ses yeux il était
heureux de constater qu’il y avait de la compagnie. Deux
femmes, qui après façon leurs voix elles c’étaient des
françaises. Une était d’environ trente et l’autre plus
âgée, probablement la mère. Elles étaient ce qu'on
aurait décrit comme plutôt chic, pas trop bronzé, bien
habillé d’un style décontracté de vacances. La serveuse
leur a remis le menu et une longue discussion
s'ensuivit. Il était évident qu’il y avait un problème
dans la compréhension du menu. Puis, la jeune serveuse
sympathique regardant autour d’elle lui faisait un signe
de désespoir.
Après ses nombreuses
visites en Espagne, Barton avait un peu d’espagnol, mais
son français était bien plus limité, et peut-être
c'était l'anglais de la serveuse qui posait problème.
— Vous est françaises?
Il tenta.
— Oui, répondirent-elles
ensemble.
— Vous avez un problème
avec le menu?
— Oui, nous voulons nos
steak saignant, le mot anglais est sorti de ma tête, dis
la jeune femme.
Barton avait de la
chance, c’était un mot qu'il reconnaissait.
— Ah, rare.
— Oui, c'est le mot que
nous cherchions, elle annonçait en riant embarrassée et
amusée, car son anglais était presque sans accent, ce
qui n’était pas le cas pour sa mère.
Elle lui rappelait
d’Emma, peut-être un peu plus confiant, sûr d'elle-même
; chose pas surprenant étant donné les circonstances
dans lesquelles qu’il avait fait connaissance Emma.
Elle expliqua qu’elles
faisaient une pause plage pendant un circuit de la
Thaïlande et le Cambodge. Elles avaient visité
Ayutthaya, Chiang Mai et ensuite elles avaient
l’intention d'explorer Bangkok avant de s'envoler pour
Phnom Penh, où leur programme était de visiter Angkor
Wat. Les noms ne signifient pas grand chose pour Barton,
peut-être qu’il les avait vaguement vus dans les
brochures de voyage, les noms des villes thaïlandaises
étaient encore acariâtre et en tout cas il n’avait
aucune idée où elles étaient situé géographiquement. Les
deux femmes françaises semblaient assez érudites en
parlante de l’histoire du pays et ses temples. En ce qui
concerne Barton, il avait très peu de connaissance de
l'histoire d’Asie et de l’Asie tout courte, son
expérience a été limitée à ce qu’il avait vécu lors des
semaines tumultueuses passé en Inde.
— Vous restez où? Il
demanda en passant sur un terrain plus sûr.
— À l’hôtel La Flora.
— Quelle une
coïncidence ! Moi aussi ! Je suis Tom Barton.
— Je suis Sophie, voici
ma maman.
— Enchanté.
— Vous rester ici à
Phuket ? Je veux dire vous allez visiter le reste du
pays, demanda Sophie.
— Pas exactement, je
suis installé à Bangkok … des affaires.
— Ah, ça doit être
intéressant, dit-elle immédiatement attentive, en le
regardant comme s’il était un grand spécialiste du pays.
— Oui, dit Barton pas
très convaincu. Comment vous trouvez Phuket?
— Nous venons tout juste
d’arriver, pour le moment nous n’avons pas vu grande
choses, mais à premier vu il semble un peu touristique,
répondit la mère dans un anglais hésitante et avec un
fort accent.
— Nous avons choisi
Phuket et Pa Tong parce que ma deuxième fille était ici
lors du tsunami. Elle est médecin et elle a portait de
l’aidé aux blessés.
—
C’était catastrophique
ici.
— Oui, c’était l’un des
endroits le plus touchés par la vague, cinq mètres de
haut, répondit la mère. Dieu merci ma fille était
arrivée tard la vieille, avant le tsunami. Elle était
dans sa chambre quand la vague a frappé. Heureusement
l’hôtel était sur la colline au nord de la plage.
— Nous partons à Bangkok
jeudi, annonça Sophie plus gaiement. Nous allons rester
là trois jours pour visiter les temples avant de partir
pour le Cambodge.
Leur déjeuner arriva et
Barton retourna à son steak. Il nota qu’il devrait
s’informé un peu plus sur la Thaïlande. Jusqu’à là il
avait vécu dans un sorte de cocon, plongé dans ses
propres pensées, prêtant peu d’attention à d’autre
choses.
Il demanda la note, puis
en saluant ses voisins il partait pour son hôtel, où il
avait l’intention de se reposait quelques heures pour
digéré son steak.
――o0o――
CHAPITRE VIII
ESPAGNE
Grupo
Martínez Construcciones, une des plus grandes
entreprises espagnoles de développement et de
construction immobilière, comme de nombreuses autres
entreprises Espagnoles, a rencontrait des difficultés
dans le refinancement de ses dettes à cause de la
raréfaction des liquidités bancaires. Cependant cela n’a
pas freiné l’optimisme de Fernando Martínez, fondateur
du groupe. Il avait parcouru un long chemin depuis qu’il
avait quitté l’Université de Salamanque avec un diplôme
d’architecture en poche presque de vingt ans auparavant.
Le marché immobilier
espagnol avait connu une décennie de croissance
extraordinaire et beaucoup de grandes fortunes ont été
crées. Il n’y avait jamais eu un période plus propice
pour investir dans l’immobilier et la construction dans
la péninsule ibérique. En 1997, les mises en chantier
des logements en Espagne s’élève à 350.000 unités, puis
en 1999 près de 600.000, et en 2007 plus de 900.000.
Grupo Martínez Construcciones est devenue l’une des
fleurons de l’industrie de construction espagnole, un de
ses plus brillants succès. Le nouveau siège du groupe,
une tour en verre futuriste, l’édifice marqué l’horizon
du quartier d’affaire de Cuatro Torres à Madrid.
Les débuts de
l'entrepreneur, comme pour beaucoup de ses
contemporains, avait été modeste. Mais, à l’université
ses professeurs et ses camarades se souvenait de lui
comme un étudiant assidu et très ambitieux. Dès le
départ, son but était d'être plus qu’un autre
architecte. Martínez avait été motivée par la nécessité
d’un diplôme et d’être accepté par le Real Academia de
Bellas Artes. Une fois cette objective accompli, il
tourna son attention vers des études de commerce et
obtenait un MBA à l'Université de Valladolid.
Fernando Martínez est né
à La Alberca, un village qui se trouvait à trente-cinq
kilomètres au sud-ouest de Ciudad Rodrigo, avec Madrid à
deux cent cinquante kilomètres à l'est, et la frontière
avec le Portugal à une soixantaine de kilomètres à
l’ouest.
Fils unique, Martínez
était un excellent élève à l’école du village. C’était
le curé du village qui remarquer son potentiel et l’a
trouvé une place comme pensionnaire dans un collège de
Ciudad Rodrigo. Mais, la fierté des parents se
transformée en déception quand à dix-huit ans, il partit
pour Salamanque. Bien qu’il adoré ses parents, six ans
dans une grande ville l’a donné peu de désir de
retourner à la vie rurale dans un village perdu dans les
montagnes. L’idée même de suivre les traces de son père,
en travaillant la terre dure, où la famille avait élever
des moutons depuis des générations, affligé le jeune
homme.
Comme garçon, il avait
vu son père ôtant son chapeau devant les notables bien
habillés après la messe du dimanche à La Alberca. A
cette époque le village était très isolé, situé à 1084
mètres d’altitude sur les versants nord de la Las
Batuecas-Sierra de Francia. Il se rappela son arrivé à
Ciudad Rodrigo, où les autres pensionnaires riaient, en
le traitant de paleto.
Son grand-père l’avait
souvent raconté des histoires sur les curieuses maisons
en granit du village, des colombages en bois avec les
balcons surplombaient les étroites rues pavées et les
petites places. A cette époque, le village, dont
l’histoire remonté au XVe siècle, était plus que isolé,
avec une population d’environ un millier d’âmes. Le
village a était remarqué après qu’il est devenu le
premier en Espagne d’être inscrit sur Liste du
patrimoine mondial en 1940, situé au cœur d’un parc
naturel, entouré de quatre chaînes de montagnes, la
Sierra de Bejar à l’est, La Peña de Francia à l’ouest,
avec la Sierras Francia et Kilama au nord.
Au fil des ans la vie de
La Alberca avait changé pour le mieux. Le village
devenait un destination pittoresque visité par les
espagnols et des touristes de passage. Les vieilles
habitations étaient rénovées, repeint et décorées de
géraniums, de même que ses places. Beaucoup de
Madrilènes achetaient des résidences secondaires. La
transformation a apporté une transformation bienvenu de
l’argent les petits hôtels et restaurants, une
prospérité inattendue pour le village.
À l’Université de
Salamanque, fondée en 1218, avec ses trente mille
étudiants, Fernando avait découvert les plaisirs de la
vie universitaire en profitant de la variété d’activités
culturelles riche les autres distractions d’une ville
d’étudiants. Il jouait un rôle actif dans différentes
associations où il a appris à utiliser ses talents de
communication, gagnant de nouveaux amis et construisant
un réseau de relations qui pourraient servir à ses
besoins futurs. Il terminait ses études à Valladolid,
capitale de la Castille-León, où il passait une année
consacré à l’acquisition d’une précieuse MBA en gestion
d’entreprise.
En 1986, l’Espagne est
entre dans l’Union européenne et les investisseurs ont
lancé massivement une vaste programme de modernisation.
Franco était mort depuis plus de dix ans et après des
décennies de stagnation économique sous le dictateur
l’Espagne étaient entrées dans une nouvelle ère avec des
changements spectaculaires. Martínez n’avait aucune
difficulté à trouver un emploi comme jeune architecte.
Le boom de la construction était lancé sur une
trajectoire balistique qui allait durer vingt ans. Les
projets de construction de logements, bureaux, bâtiments
publics, villes nouvelles, hôtels, villages vacances,
aéroports, marinas, autoroutes et infrastructure étaient
tous prendre. Les promoteurs et leurs cohortes allaient
devenir riches dans un clin d’œil.
Créative et travailleur
infatigable, Martínez a était très apprécié par son
employer un cabinet architecture à Valladolid. Au bout
de six ans ses ambitions ont grandi et le cabinet était
trop limité. En 1992, fort de ses six années
d’expérience et les contacts qu’il avait astucieusement
développés, Martínez se mit à son propre compte.
Avec les relations qu’il
a cultivé chez les développeurs et les entreprises de
construction de résidence de vacances, il obtient des
contrats sur les Costas où la rué vers l’or était belle
et bien enclenché. Au fur et à mesure ses affaires
progressé, Martínez, voyant l’argent à faire dans la
construction, a investi dans une entreprise de bâtiment
locale qui était en difficultés, ceci appartenant à une
vieille famille de Ciudad Rodrigo en déclin. En 1995, il
prenait la majorité de contrôle et nommait un cousin
proche, Antonio Martínez, comme directeur général. Puis,
fort de l’influence politique croissant de Fernando, ils
ont acquis le contrat pour concevoir et construire un
grand projet de logement pour la municipalité locale.
――o0o――
CHAPITRE IX
PHUKET
Il
était cinq heures de l’après-midi lorsque Barton se
réveilla et pointait la télécommande vers le téléviseur,
zapping d’une chaîne de langue anglaise à l’autre.
Bloomberg rapportait sur la volatilité des marchés
financiers et de la faiblesse des hedge funds, avec un
mot au passage sur le Nassau Investment, un fonds que
Barton avait vaguement entendu parler. La BBC annonçait
Gordon Brown allait adresser la Chambre des communes
l’après-midi même, tandis que CNN parlait des primaires
pour les élections américaines.
En bref il n’y avait
rien de très nouveau, laissant Barton se doucher et
réfléchir à son propre avenir. Durant la brève période
depuis son départ soudain de Londres, sa nouvelle vie
avait été ponctuée par une série d'événements inattendus
et dramatiques. Il avait à peine eu le temps d'examiner
sa situation personnelle après avoir été emporté,
impuissant, dans un courant turbulent de circonstance,
par ce qu'il ne pouvait expliquer que par la fatalité.
Pour la première fois, il avait perdu le contrôle de sa
vie. Il était maintenant le moment de définir un plan.
Ce n'était pas facile, il était seul, ce qui pouvait
peut-être expliqué pourquoi il avait si facilement se
laisser s’attaché à Emma.
Une heure plus tard il
sortit sur la route sur Taweewong Road, où les décibels
ont augmenté fortement ; un signe certain que les bars
se préparait pour une autre nuit chaude. Il tourna sur
Bangla Road, une rue décrit comme le cœur battant de la
vie nocturne de Pa Tong par les guides touristique. La
nuit avait tombée rapidement et des néons clignotaient
partout. La route a été fermée à la circulation, la
foule était encore éparse. Les filles de bars lui fit
signe, d’autres se dandinaient à ses cotes en frôlant
son bras de manière séduisante, avec des sourire
éclatante et ravissant, montrant leurs dents blanches et
parfaitement régulières.
Au-delà des bars, des
étroites pistes de danse étaient déjà occupés par un
certain nombre de mâles lascifs, y compris quelques
sexagénaires. Les hommes étaient sans exception des
Européens, affichaient des sourires débiles, dansant des
slows avec les filles Thaïlandaise – venant des villages
voisins et plus éloignés, plaqué contre leurs cavaliers.
D’autres filles gogo dansaient sur le zingues au rythme
effréné de la musique, se déhanchant, habillé en bikini
très brèves d’un couleur bleu-blanc éblouissant sous
l’éclairage fluorescent.
Il s’arrêta à Soi Vegas,
il y avait un panneau éclairé indiquant Sala Muay Thai,
une petite salle de boxe thaïe présentant des combats
chaque soir. Barton poussait la porte et se dirigeait
vers le bar où il commandait une bière. Le spectacle ne
ressemblait pas au genre de soirée de boxe qu’il se
souvenait du quartier de l’East End de Londres. Les
boxeurs avait peu de cœur pour le combat et leurs gestes
ressemblait de la musique thaïlandaise hypnotique qui
faisait partie du show dans la petite salle même pas à
moitié pleine.
Une jeune thaïlandaise
est apparu à ses côtés, jolie, mais de toute évidence
commerciale. Elle souriait et demanda son nom dans un
anglais assez correct. Répondant au sourire, Barton
esquiva la question en lui disant qu’il attendait un
ami. Quelques instants plus tard il payait sa bière et
quittait la salle.
Il poursuivra son
périple de découvert; les bars étaient pour la plupart
impossibles à distinguer les uns des autres comme
l'étaient les filles habillés légèrement qui appelait
Barton sans vergogne. Il s’arrêta à la Disco Tiger, un
des multiples bars qui bordaient la route, l’un après
l'autre. L’impression générale était d'une fête
déchaînée, un parc d’attractions, le bruit de la musique
et des voix accumulées montée en crescendo, presque
assourdissant. Il y avait encore des gogo danseuses, et
des pole danseuses, tournantes comme des girouettes
devant les regards lascifs des buveurs de bières.
Quelques clients feignais l’indifférence à l’égard des
filles si légèrement vêtues, d’autres riaient
bruyamment, criaient, transpiraient, agitaient leurs
bras pour attirer l'attention, comme si les filles
avaient besoin d’encouragements.
C’était déjà huit heures
quand Barton quittait Bangla Road, un peu déçu à son
manque d’enthousiasme, et retourna à Taweewong Road.
Puis, évitant de justesse un deux filles dans les
mini-jupes perchés sur une moto, il se dirigea dans la
direction au sud où il espérait trouver un bar un peu
plus calme. Au lieu de ça il se trouvait dans un marché
de nuit où les marchands vendant toutes sortes de
camelots touristiques imaginables: à partir de souvenirs
ringards aux fripes, lunettes de soleil aux bijoux, et
d’où la foule animée de badaud semblé se dirigé dans
toutes les directions à la fois.
Il s’arrêta devant un
étale pour regardait une présentation étonnant de
montres, toutes des faux. Ce n’était pas surprenant il
ne pouvait pas s’attendre à une vraie Rolex en or dans
un marché de nuit en plein air. Malgré tous il était
surpris par l’apparence de qualité. Puis en
sélectionnant un Blancpain il la compare avec la sienne,
à première vue, elles étaient identiques.
— Vous pensez l’acheter?
dit une voix derrière lui.
Il reconnait l’accent,
c'était Sophie, la française de La Boucherie, le
restaurant où il avait mangé à midi.
— Non, mais les copies
sont assez incroyables, tout ce que on peut imaginer.
— Et en plein jour.
— Pleine nuit.
Ils riaient.
— Un petite balade
nocturne ? Il demandé.
— Oui, ma mère se sent
un peu fatigué, ces derniers jours ont été très chargés,
se lever tôt, les temples, les hôtels ....
— Je sais ce que vous
dire, dit-il, toute en pensant à ce qu’il a vécu au
cours des dernières semaines.
— Et vous?
— Même chose, une petite
balade.
Ils continuèrent
ensemble, puis s’arrêtait devant un marchand de baskets,
encore une fois des faux.
— Voulez-vous quelque
chose à boire? Dit-il pointant vers un petit bar donnant
sur le trottoir.
— Pourquoi pas.
Ils prennent des couple
de tabourets au bar et Barton commanda des boissons,
puis il se tourna vers l’extérieur pour regarder le
spectacle du soir, le va et viens des touristes et le
marchandage dans le chahut générale du marché.
— Que faites-vous dans
la vie ? demanda Barton.
— Je suis un architecte.
Le design intérieur.
— Vous êtes indépendant
?
— Oui, non, pas
exactement, je travaille beaucoup avec mon père qui est
aussi architecte. Il a une firme d’architecture à
Londres, Victoria Street, et j’ai un bureau là-bas.
— C’est drôle, j’ai
grandi dans ce quartier.
— Vraiment, où?
— Pas très loin de la
cathédrale de Westminster.
— C’est drôle, je suis
allé à Grey Coat Hospital Girls School.
— Vous habitez à
Westminster?
— Pas exactement, c’est
un peu compliqué, mes parents sont divorcés et moi je
vis à Biarritz.
— Je crois ce n’a pas
loin de l’Espagne?
— Une vingtaine de
kilomètres de la frontière et vingt de plus pour San
Sebastian. La famille de ma mère est basque.
Barton ratissait son
cerveau pour se rappeler quelque chose sur les Basques,
qu’il avait vaguement assimilées avec l’IRA irlandais,
se souvenant des alertes à la bombe qui l’a, plus d'une
fois, retardé son vol vers, ou de retour, de l’Espagne.
— Espagnol ?
— Non, Basque.
— Ah, il acquiesçait un
peu perdu.
— Il ya Basques en
France et en Espagne.
— Je vois.
— Mon père est anglais,
et sa famille est d’origine irlandaise, peut-être vous
avez entendu parler de sa firme à Londres ? Michael
Emerson et partenaires, ils ont conçu l’immeuble de la
Banque de Dubaï.
— Emerson n’est pas très
irlandais, déclara Barton.
— Peut-être, mais mon
père venait de Dublin. Le nom de famille de ma mère est
Ibarbour, c’est un nom basque.
— Donc, vous êtes Sophie
Ibar ... dit-il tâtonner sur le nom.
— Ibarbour,
répondait-t-elle en riant à ses difficultés avec le nom
en se tordant sa langue. Non, je suis Sophie Emerson.
— Je suis désolé,
dit-t-il sentant un peu idiot.
— Mais je vis une bonne
partie du temps à Biarritz - près de ma mère, et avec ma
sœur qui est un journaliste.
— Journaliste, dit
Barton.
— Elle est spécialisé
dans les questions de politique basques, elle écrit pour
des journaux français et espagnol.
—
Intéressant.
— Charlotte, mais elle
préfère Maité, c’a une résonnance plus basque. Son vrai
sujet est l’anthropologie … l’anthropologie sociale.
— Ah!
Encore une fois Barton a
eu le sentiment qu’il avait vécu dans une bulle, à plus
d’un titre, au cours de ces dix dernières années. Il se
rappeler confusément que les anthropologues étudiaient
les hommes préhistoriques, le chaînon manquant ou
quelque choses comme ça ?
Sophie sentant son
malaise avec les Basques changeait de sujet, et avec un
sourire moqueur en douceur elle ajoute, j’ai aussi un
appartement à Londres, Lower Sloane Street, il n’est pas
très grand, mais c’est pratique, central et deux
stations d’Underground de mon bureau. Et vous?
— Eh bien, dit-il en
cherchant une réponse appropriée, moi, je suis dans les
affaires.
— Oui, c’est ça, vous avez
dit que vous est basé à Bangkok.
Barton réfléchissant
rapidement se souvenait des paroles de son partenaire de
squash à Bangkok, et rajoute, je suis dans les
investissements, l’immobilier, les hôtels, ici en
Thaïlande et au Cambodge.
— Donc, vous connaissait
le Cambodge, c'est notre prochaine destination, après
Bangkok.
— Non, pas vraiment, ca
c’est mon partenaire, c’est lui qui s’occupe de la
Cambodge, répondait-il en s’embourbant d’avantage.
— Et vos vacances ici?
— Quelques jours, un peu
de repos, et puis voir les changements après le
tsunami.
— Bien sûr. Je suis
désolé mais je ferais mieux que je retourne à l’hôtel,
dit-elle en regardant sa montre, ma mère est seule.
――o0o――
L'histoire continue
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